AnatomieNeuroanatomieCerveauHypophyse (glande pituitaire)

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Hypophyse (glande pituitaire)

Auteur : Arefeh Shahidi • Examinateur : Dr Djalel Lounis Khodja
Dernière révision : 11 mars 2024
Temps de lecture : 17 minutes

Hypophyse (glande pituitaire)

L'hypophyse (glande pituitaire) est la glande maîtresse du système endocrinien. Il s'agit d'une structure de forme ovoïde, située dans la selle turcique de l'os sphénoïde. L'hypophyse est anatomiquement et fonctionnellement étroitement liée à l'hypothalamus.

L'hypophyse est composée anatomiquement de deux lobes distincts : un lobe antérieur et un lobe postérieur.

Le lobe antérieur de l'hypophyse, connu sous le nom d’adénohypophyse, produit et sécrète la majorité des hormones hypophysaires. Sa fonction est contrôlée par les hormones libérées par l'hypothalamus.
Le lobe postérieur, connu sous le nom de neurohypophyse, ne produit aucune hormone. Il stocke et libère deux hormones qui ont été produites dans les noyaux de l’hypothalamus.

La fonction principale de l'hypophyse est de produire des hormones qui régulent de nombreuses fonctions et processus vitaux, tels que le métabolisme, la croissance, la maturation sexuelle, la reproduction, la tension artérielle, etc. Les hormones sécrétées par la glande affectent presque tous les systèmes du corps (par exemple, les autres glandes endocrines, le système cardiovasculaire, le système digestif, le système reproducteur, etc.).

Cet article aborde l’anatomie et les principales fonctions de l’hypophyse (glande pituitaire).

Points clés sur l’hypophyse
Définition	Glande jouant le rôle de chef d’orchestre du système endocrinien qui contrôle le reste des glandes du corps
Structure	Hypophyse antérieure (adénohypophyse) Hypophyse postérieure (neurohypophyse)
Hormones	Adénohypophyse : Hormone de croissance (somatotropine), prolactine, hormone folliculostimulante (FSH), hormone lutéinisante (LH), thyréostimuline (TSH), hormone adrénocorticotrope (ACTH) Neurohypophyse : Ocytocine, vasopressine
Fonctions	Régulation du métabolisme, de la croissance, de la maturation sexuelle, de la reproduction, de la tension artérielle, de l'allaitement, de la réponse immunitaire et de nombreux autres fonctions et processus physiques vitaux

Sommaire

Structure et localisation
1. Où se trouve l’hypophyse ?
2. Structure
Système porte hypophysaire
Tractus hypothalamohypophysaire
Hypophyse antérieure (adénohypophyse)
1. Hormones de l’adénohypophyse
2. Régulation de la fonction de l’adénohypophyse
Hypophyse postérieure (neurohypophyse)
1. Hormones de la neurohypophyse
Notes cliniques
Sources

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Structure et localisation

Où se trouve l’hypophyse ?

L'hypophyse est située dans la fosse hypophysaire ou pituitaire (selle turcique) de l'os sphénoïde. Supérieurement, l'hypophyse est recouverte par le diaphragme circulaire de la selle, prolongement de la dure-mère. En antéro-inférieur, la glande fait face au sinus sphénoïde, en antéro-supérieur au chiasma optique et latéralement au sinus caverneux.

Structure

L'hypophyse est reliée à l'hypothalamus par l'infundibulum (tige hypophysaire ou tige pituitaire), qui est un processus qui s'étend vers le bas à partir du tuber cinereum de l'hypothalamus. L'infundibulum relie non seulement physiquement les deux glandes, mais il permet également le passage des hormones hypothalamiques vers l'hypophyse lorsqu'il est traversé par le système porte hypophysaire et le tractus hypothalamohypophysaire.

L'hypophyse comprend deux parties principales, l'adénohypophyse (partie antérieure) et la neurohypophyse (partie postérieure). Ces parties diffèrent par leur origine embryologique et ont donc une apparence et des fonctions histologiques différentes.

Système porte hypophysaire

Le système porte hypophysaire est un système vasculaire constitué de petits vaisseaux sanguins qui relient l'adénohypophyse à l'hypothalamus. Les capillaires et veinules du système porte sont fenêtrés, ce qui permet un échange optimal de molécules entre les vaisseaux sanguins et les cellules de l'hypophyse antérieure. Les cellules épithéliales de l'adénohypophyse sont disposées en cordons entre les sinusoïdes vasculaires. C’est à cet endroit que se produit l'échange hormonal entre le tissu neural et le sang.

Le système porte hypophysaire provient des artères hypophysaires supérieure et inférieure, qui sont les branches de l'artère carotide interne. Le premier fournit l’approvisionnement principalement à l’hypophyse antérieure, tandis que le second alimente l’hypophyse postérieure.

Les artères hypophysaires supérieures forment un plexus primaire au sein de l'infundibulum et de l'éminence médiane. Ce plexus est constitué de nombreux capillaires fenêtrés qui rejoignent et forment les veines portes hypophysaires qui se dirigent vers l'hypophyse antérieure. Les veines portes se divisent et forment un autre plexus dans l'hypophyse antérieure : le plexus secondaire. Ce système vasculaire est très important, car il constitue le lien direct entre le site de libération des hormones hypothalamiques (éminence médiane) et les cellules de l'adénohypophyse.

Pour résumer, le système porte hypophysaire comprend les plexus capillaires primaire et secondaire de l'hypophyse, ainsi que les veines portes intermédiaires.

Tractus hypothalamohypophysaire

Le tractus hypothalamohypophysaire est un faisceau d'axones qui relie les noyaux hypothalamiques à la neurohypophyse. Sa fonction est de transporter les deux neurohormones hypothalamiques, l’ocytocine et l’hormone antidiurétique (ADH), jusqu’à la neurohypophyse, où elles sont stockées et libérées selon les besoins de l’organisme.

Hypophyse antérieure (adénohypophyse)

L'hypophyse antérieure (adénohypophyse) est composée de trois parties distinctes :

La partie antérieure (partie distale ou glandulaire) est la partie ayant la plus forte activité sécrétoire. Elle est composée de follicules de taille variable, mais contenant essentiellement trois types de cellules. Ces cellules sont classées en fonction de leur coloration histologique et comprennent les chromophiles (acidophiles et basophiles) et les chromophobes.
- Les cellules acidophiles se divisent en somatotropes et lactotropes. Les premiers produisent l’hormone de croissance, tandis que les seconds produisent de la prolactine.
- Les cellules basophiles sont divisées en gonadotropes (productrices de FSH et de LH), corticotropes (ACTH) et thyréotropes (TSH).
- Les cellules chromophobes se colorent faiblement et sont des cellules progénitrices.
La pars tuberalis s'étend de la partie antérieure (distale) de l'hypophyse. La majorité de ses cellules sont des cellules gonadotropes, le reste étant constitué de cellules thyréotropes. La pars tuberalis entoure l’infundibulum. Ce dernier est un ensemble d'axones qui se projettent dans l'hypophyse depuis l'hypothalamus. Ces axones sont remplis d’hormones (ocytocine et vasopressine (ADH)).
La partie intermédiaire est située entre la partie antérieure de l'adénohypophyse et de la neurohypophyse. Il contient des follicules constitués de matrices colloïdes. La majorité des cellules de cette partie sont des basophiles corticotropes, avec des cellules souches hypophysaires moins abondantes. Les cellules corticotropes de cette partie produisent de l'hormone mélanotrope (MSH) et des endorphines.

Hormones de l’adénohypophyse

L'hypophyse antérieure sécrète cinq hormones endocriniennes différentes et les libère dans la circulation sanguine. Ces hormones sont les suivantes :

Hormones de l’adénohypophyse
Somatotropes	Hormone : Hormone de croissance (GH) / Somatotropine Fonction : Stimule la croissance des plaques épiphysaires des os longs via des facteurs de croissance de type insuline (IGFs) produits dans le foie
Lactotropes (mammotropes)	Hormone : Prolactine Fonction : Sécrétion de lait par les glandes mammaires
Thyréotropes	Hormone : Hormone stimulant la thyroïde (TSH) / Thyrotropine Fonction : Stimule la synthèse, le stockage et la sécrétion des hormones thyroïdiennes
Corticotropes	Hormones : Hormone adrénocorticotrope (ACTH), lipotropine (LPH) Fonction : Stimule la sécrétion d'hormones du cortex surrénalien (ACTH), régule le métabolisme lipidique (LPH)
Gonadotropes	Hormones : Hormone folliculostimulante (FSH), hormone lutéinisante (LH) Fonction : Favorise le développement du follicule ovarien, la sécrétion d'œstrogènes chez les femmes, la spermatogenèse chez les hommes (FSH) Favorise la maturation des follicules ovariens, la sécrétion de progestérone chez les femmes, la sécrétion d'androgènes des cellules interstitielles chez les hommes (LH)

Régulation de la fonction de l’adénohypophyse

L'hypothalamus est le principal régulateur de la fonction antéhypophysaire. C'est l'une des rares zones du cerveau qui n'est pas isolée de la circulation sanguine cérébrale par la barrière hémato-encéphalique et qui peut donc mesurer et réagir aux changements de température corporelle, aux besoins énergétiques ou à l'équilibre électrolytique. Ces changements sont spécifiquement détectés par les noyaux hypothalamiques, notamment les noyaux arqués, paraventriculaires et ventromédiaux, ainsi que les régions médiales préoptique et périventriculaire.

L'hypothalamus régule l'activité de l'hypophyse antérieure en libérant ses hormones stimulantes et/ou inhibitrices qui comprennent :

Hormone de libération de la corticotropine (CRH)
Hormone de libération de l'hormone de croissance (GHRH)
Hormone de libération des gonadotrophines (GnRH)
Hormone de libération de la thyrotropine (TRH)
Dopamine (DA)
Somatostatine (SS), également connue sous le nom d'hormone inhibant la production d’hormone de croissance (GHIH)

Ces hormones sont sécrétées dans la circulation sanguine et envoyées à l'adénohypophyse via le système porte hypophysaire pour stimuler ou inhiber l'activité sécrétoire de ses cellules. Toutes les hormones hypothalamiques contenant un R (Releasing en anglais) ont un effet stimulant, tandis que les hormones contenant un I (Inhibiting en anglais) ont des effets inhibiteurs. L'activité sécrétoire de l'hypothalamus et de l'hypophyse est régulée par le mécanisme de feedback négatif (boucle de régulation négative). Il existe deux boucles de régulation négatives qui affectent l’axe hypothalamohypophysaire :

Boucle de régulation longue : lorsque le niveau sanguin des hormones des glandes périphériques atteint la valeur homéostatique/physiologique, ces hormones signalent à l'hypophyse et à l'hypothalamus qu'il est temps d'arrêter la sécrétion d'hormones stimulantes jusqu'à ce que les valeurs baissent à nouveau.
Boucle de régulation courte : l'augmentation des taux sanguins d'hormones hypophysaires inhibe la synthèse et/ou la libération des hormones hypothalamiques associées.

Hypophyse postérieure (neurohypophyse)

La partie postérieure de l'hypophyse est une structure neuroendocrinienne spécialisée. Contrairement à l’hypophyse antérieure, elle ne contient pas de cellules sécrétoires, mais plutôt de nombreux axones non myélinisés qui proviennent des neurones hypothalamiques sécrétoires, plus précisément des neurones magnocellulaires des noyaux paraventriculaire et supraoptique. Les seuls composants cellulaires de l’hypophyse postérieure sont les cellules gliales appelées pituicytes.

La neurohypophyse est divisée en plusieurs parties :

L'infundibulum (tige pituitaire) est constitué des nombreux axones non myélinisés qui forment les voies hypothalamohypophysaires. Ces voies relient l'hypophyse à l'hypothalamus et servent à transporter les neurohormones des noyaux hypothalamiques vers la neurohypophyse. L'infundibulum est en continuité avec l'éminence médiane, la zone où les hormones libérées par l'hypothalamus sont libérées afin de contrôler l’activité de l'hypophyse antérieure.
Le lobe nerveux (pars nervosa ou partie nerveuse) de la neurohypophyse est un ensemble d'environ 100 000 axones non myélinisés avec leurs terminaisons. Ces terminaisons axonales contiennent les corps neurosécrétoires (corps de Herring) qui sont remplis de granules contenant les hormones hypothalamiques destinées à être libérées par la neurohypophyse. Chaque granule contient soit de l'hormone antidiurétique (ADH), soit de l'ocytocine. Dans les granules, l’ocytocine et l’ADH sont liées aux protéines appelées respectivement neurophysine I et II. Le lobe nerveux abrite également des pituicytes de soutien qui enveloppent les axones.

Hormones de la neurohypophyse

Notez que la partie postérieure de l’hypophyse ne contient pas de tissu glandulaire, ce qui signifie qu’elle ne produit pas d’hormones. Sa fonction principale est de stocker et de libérer deux hormones sécrétées par l'hypothalamus : l’ADH et l’ocytocine.

L'ocytocine est un neuropeptide produit par les cellules neurosécrétoires des noyaux supraoptique et paraventriculaire. Elle participe principalement aux processus liés à la reproduction et à l'accouchement (comme les contractions utérines et la lactation), ainsi qu'au comportement humain (par exemple, le lien social).
L'hormone antidiurétique (ADH), ou arginine-vasopressine, est principalement produite dans les régions supraoptiques et paraventriculaires de l'hypothalamus. Il est essentiel au contrôle de l’équilibre électrolytique du corps, de la tension artérielle et des fonctions rénales.

Ces hormones hypothalamiques voyagent à travers les axones depuis l'hypothalamus directement vers l'hypophyse postérieure. Les cellules gliales (pituicytes) enveloppent complètement ces axones. Les axones forment ensemble le tractus hypothalamohypophysaire, situé à proximité des sinusoïdes vasculaires de l'hypophyse postérieure. Les terminaisons des axones sont proches des vaisseaux sanguins pour faciliter la sécrétion des hormones dans la circulation sanguine.

Notes cliniques

Le prolactinome est la tumeur bénigne sécrétoire la plus courante de l'hypophyse. Il s'agit d'une tumeur sécrétrice de prolactine qui peut se présenter sous forme de micro (moins de 1 cm) ou de macroprolactinome (plus de 1 cm). Bien qu’elle soit de nature bénigne, elle peut provoquer un certain nombre de symptômes, soit par la compression des structures environnantes, soit par l’hypersécrétion de prolactine. L'étiologie de cette pathologie est encore largement inconnue. Cependant, on sait que les prolactinomes résultent de la croissance des cellules hypophysaires (lactotropes) ayant subi une mutation somatique.

Les macroprolactinomes provoquent généralement des symptômes dus à l'effet de masse de la tumeur (compression des structures voisines). Certains des symptômes les plus courants comprennent : des maux de tête, des troubles de la vision, des paralysies des nerfs crâniens, des convulsions, une hydrocéphalie, etc. Les microprolactinomes donnent le plus souvent des symptômes qui sont une conséquence de l'hyperprolactinémie. Ces symptômes comprennent généralement : une diminution de la libido, une dysfonction érectile, une oligoménorrhée et une aménorrhée, une infertilité, un arrêt de croissance et un retard pubertaire. Le diagnostic est généralement établi par des procédures d'imagerie (TDM ou IRM) suivies de résultats d’analyses sanguines (augmentation du taux de prolactine dans le sérum sanguin).

Le macroprolactinome ou le microadénome symptomatique sont généralement traités par un traitement agoniste dopaminergique. Si la tumeur ne répond pas aux médicaments, elle est traitée chirurgicalement.

Sources

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Références:

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Kamina, P. (2006). Anatomie Clinique (4e éd., Tomes I-V). France: Editions Maloine.
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Drake, R. L., Vogl, A. W., Mitchell, A., Duparc, F., & Duparc, J. (2020). Gray's Anatomie - Le Manuel pour les étudiants (4e éd.). France: Elsevier Masson.
Stevens, A., & Lowe, J. (2006). Histologie humaine (3e éd.). France: Elsevier Masson.

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