Vous regardez un aperçu. Devenez Premium pour accéder à la vidéo complète: Des couches de fascia divisent le cou en différents compartiments.
À moins que vous ayez un cou exceptionnellement long et d’en avoir entendu parler toute votre scolarité, il est fort probable que vous n’ayez jamais vraiment prêté attention à cette partie de votre ...
En savoir plusÀ moins que vous ayez un cou exceptionnellement long et d’en avoir entendu parler toute votre scolarité, il est fort probable que vous n’ayez jamais vraiment prêté attention à cette partie de votre corps, encore moins à ses espaces et compartiments. Pourtant, d’un point de vue médical, ces espaces sont très importants, car ils peuvent mener à la propagation des infections entre la tête et le reste du corps. Dans ce tutoriel, nous parlerons du fascia cervical et des espaces et compartiments du cou.
Pour explorer ces espaces et compartiments, nous nous appuierons sur une coupe transversale du cou. Nous commencerons par identifier les différentes couches de fascia, à savoir la couche superficielle et la couche profonde. Cette dernière se divise elle-même en trois sous-couches ou lames : superficielle, prétrachéale et prévertébrale, avec la gaine carotidienne parfois considérée comme une structure à part. Pour simplifier, nous appellerons la couche superficielle « fascia cervical superficiel » et la couche profonde « fascia cervical profond ». Nous étudierons ensuite comment ces différentes couches se subdivisent et quels espaces et compartiments elles forment.
Nous nous intéressons d’abord à la couche superficielle du fascia cervical, qui correspond simplement au tissu sous-cutané du cou. Nous passerons ensuite au fascia cervical profond, et découvrirons ses trois sous-couches. La première est la lame superficielle du fascia cervical profond, qui entoure les muscles situés juste sous la peau. Ensuite, nous avons la lame prétrachéale du fascia cervical profond, qui se divise en plusieurs parties : la lame prétrachéale musculaire, la lame prétrachéale viscérale, le fascia buccopharyngien, qui constitue le compartiment viscéral, ainsi que l’espace rétropharyngien. Puis, nous passerons à la lame prévertébrale du fascia cervical profond, ou nous jetterons un œil sur le fascia alaire, qui joue un rôle clé dans la délimitation de deux structures cervicales : l’espace de danger et le compartiment vertébral. Enfin, nous terminerons avec la gaine carotidienne et le compartiment vasculaire qu’elle forme, avant d’aborder quelques notes cliniques.
Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, examinons rapidement la coupe transversale qui se présente.
En anatomie, nous avons l’habitude d’observer les structures sous différentes vues : antérieure, postérieure, latérale ou médiale. Travailler avec une coupe transversale peut donc sembler un peu déroutant au début. Prenons un moment pour nous familiariser avec l’image que nous avons sous les yeux. Au centre, nous voyons une vertèbre cervicale. Même sans savoir qu’on est dans la région cervicale, nous pourrions l’identifier facilement grâce à sa caractéristique des processus épineux bifides et aux sillons présents pour les nerfs spinaux visibles sur ses processus transverses.
La vertèbre cervicale est également un bon indicateur de l'orientation de cette coupe transversale. Nous savons que le processus épineux se projette vers l’arrière et que le corps vertébral fait face à l’avant, ce qui signifie que l’aspect antérieur du cou se trouve en haut de l’image et l’aspect postérieur en bas. La dernière chose à garder en tête est que nous regardons cette coupe de bas en haut, donc le côté gauche de l’image représente en réalité le côté droit du corps, et vice versa. Enfin, nous devons essayer de nous situer par rapport au niveau vertébral.
Sur cette coupe, nous pouvons observer la trachée. La trachée se situe immédiatement en dessous du larynx, qui se termine à peu près au niveau vertébral C6. Nous pouvons également observer la glande thyroïde. L'isthme, qui relie les deux lobes de la glande thyroïde, est aussi visible. Il est normalement situé juste en dessous du cartilage thyroïde du larynx, ce qui signifie que nous nous trouvons au niveau vertébral C5 ou C6. Mystère résolu !
Avant d’aborder les différents espaces et compartiments, il faut que nous nous familiarisions avec leurs définitions. Un espace ou un compartiment est une section du corps, délimitée par un fascia. Ils peuvent contenir différentes combinaisons de muscles, de nerfs, de vaisseaux, de viscères et de tissu adipeux. Dans ce cas, il s’agit d’un compartiment. Cependant, nous parlons d’un espace ou d’un espace potentiel, lorsque la partie délimitée par le fascia n'est que remplie de tissu conjonctif lâche. Pourtant, il existe des variations terminologiques et il se peut que le terme « espace » soit utilisé pour désigner à la fois les espaces et les compartiments. Le fascia est une membrane de tissu conjonctif, généralement composé de collagène, qui sépare les organes ou les muscles. Dans le cou, le fascia est appelé fascia cervical ou fascia du cou.
Maintenant que nous avons clarifié quelques définitions et que nous nous sommes orientés, passons à l’organisation des couches du fascia cervical. Il est essentiel de comprendre l’organisation générale du fascia dans le cou avant d’entrer dans les détails. Il existe deux grandes subdivisions : le fascia cervical superficiel et le fascia cervical profond.
Le fascia superficiel du cou, ou plus précisément la couche sous-cutanée du cou, correspond exactement à sa définition. Il s'agit de la couche de fascia la plus superficielle, située immédiatement sous le derme de la peau. Cette couche de fascia est une zone de tissu conjonctif lâche qui contient souvent une grande quantité de tissu adipeux, en particulier chez les femmes. Le fascia superficiel du cou entoure le muscle platysma.
Toutes les couches restantes du fascia cervical font partie du fascia cervical profond. Le fascia cervical profond est subdivisé en plusieurs couches. La première est la lame superficielle du fascia cervical profond, qui entoure les muscles trapèze et sternocléidomastoïdien. Ensuite vient la lame prétrachéale du fascia cervical profond, qui entoure les structures situées en avant des vertèbres cervicales. Et enfin, nous avons la lame prévertébrale du fascia cervical profond, qui enveloppe les structures situées latéralement et postérieurement aux vertèbres cervicales ainsi que les vertèbres elles-mêmes. La gaine carotidienne fait également partie du fascia cervical profond, et nous verrons plus tard pourquoi elle mérite une attention particulière. Pour l’instant, commençons par la couche superficielle du fascia cervical profond.
La lame superficielle du fascia cervical profond entoure toutes les structures du cou situées sous la peau ainsi que la couche sous-cutanée du cou. Elle forme une gaine autour des muscles trapèze et sternocléidomastoïdien. Contrairement aux deux autres couches du fascia cervical profond, cette couche ne contribue à aucun des espaces ou compartiments du cou. Quelques niveaux vertébraux au-dessus de notre coupe transversale, la couche superficielle enveloppe la glande submandibulaire et forme la capsule fibreuse de la glande parotide.
Supérieurement, la lame superficielle du fascia cervical profond s'attache aux lignes nuchales supérieures de l'os occipital, aux processus mastoïdes de l'os temporal, aux arcades zygomatiques, au bord inférieur de la mandibule et à l’os hyoïde. Inférieurement, elle s’attache au manubrium, aux clavicules, aux acromions et aux épines des scapulas. Postérieurement, elle s'accroche aux processus épineux des vertèbres cervicales.
Maintenant que nous avons couvert la lame superficielle du fascia cervical profond, qui ne contribue pas aux espaces et compartiments du cou, passons à la lame prétrachéale du fascia cervical profond et aux espaces et compartiments qu’elle forme. La lame prétrachéale entoure les structures situées dans la partie antérieure du cou. Elle est subdivisée en lame prétrachéale musculaire et en lame prétrachéale viscérale.
La lame musculaire enveloppe quatre paires de muscles : le sternohyoïdien, le sternothyroïdien, le thyrohyoïdien et l’omohyoïdien. Ces muscles sont collectivement connus sous le nom de muscles infrahyoïdiens ou muscles sous-hyoïdiens. Le muscle thyrohyoïdien est quant à lui situé plus haut dans le cou, au niveau de C3 à C4, et n’est donc pas visible sur notre coupe transversale.
La lame viscérale est située en dessous de la lame musculaire. Supérieurement, son côté postérieur s’attache à la base du crâne et ses côtés antérieur et latéral s’attachent à l’os hyoïde. Inférieurement, la lame viscérale fusionne avec le péricarde fibreux dans le médiastin. La partie postérieure de la lame viscérale recouvre le pharynx et l’œsophage qui font partie des voies digestives supérieures visibles sur notre image. Elle est aussi en continuité avec le fascia buccopharyngien. Supérieurement, ce fascia s’étend au-dessus du muscle buccinateur.
La lame viscérale forme le compartiment viscéral du cou et crée une gaine de variable épaisseur autour des différents organes qu'elle contient. Le nom de ce compartiment est explicite : il abrite en effet les viscères ou les organes du cou. Heureusement, il n’y a pas beaucoup d’organes dans le cou, ce qui réduit la quantité d’informations à mémoriser.
Ici, sur cette coupe transversale, nous pouvons voir que le compartiment viscéral contient plusieurs organes essentiels : la trachée, la partie cervicale de l’œsophage, la glande thyroïde, les glandes parathyroïdes et les nerfs laryngés récurrents. Le larynx et le laryngopharynx font également partie de ce compartiment, mais ne sont pas visibles à ce niveau vertébral.
Parlons maintenant des limites de ce compartiment. La limite supérieure du compartiment viscéral est en effet sujet de quelques discussions. D’après certaines sources, ce compartiment est délimité supérieurement par l’os hyoïde, tandis que selon d’autres sources il s’étend jusqu’à la base du crâne. En revanche, sa limite inférieure est clairement donnée par le médiastin supérieur au niveau de T4 où se trouve l’arc aortique. Le reste du compartiment viscéral est bien sûr bordé par la lame prétrachéale viscérale, qui comme nous l’avons déjà mentionné, est en continuité avec le fascia buccopharyngien au niveau infrahyoïdien.
Maintenant que nous avons abordé le contenu et les limites de ce compartiment, intéressons-nous à ce qui l’entoure, autrement dit, à ses rapports anatomiques. En avant du compartiment viscéral, nous trouvons la lame prétrachéale musculaire. Latéralement, il est en rapport avec les compartiments vasculaires de chaque côté, que nous explorerons dans un instant. Postérieurement du compartiment viscéral, nous trouvons le fascia alaire et l’espace rétropharyngien. Ce dernier est rempli de tissu conjonctif lâche ou aréolaire et contient les nœuds lymphatiques rétropharyngiens ainsi que les troncs sympathiques.
Cela conclut la section sur la lame prétrachéale du fascia cervical profond. Passons maintenant à la dernière division : la lame prévertébrale du fascia cervical profond ainsi que les espaces et compartiments qui lui sont associés.
La lame prévertébrale du fascia cervical profond est une membrane tubulaire de tissu conjonctif qui s’attache à la base du crâne supérieurement. Inférieurement, elle fusionne avec le fascia endothoracique, une fine couche de fascia située sur la face interne de la paroi thoracique, la séparant de la plèvre. Elle s’attache également au ligament longitudinal antérieur au niveau de T3 environ. En effet, la lame prévertébrale du fascia cervical profond forme le plus grand compartiment du cou : le compartiment vertébral. À l’intérieur de ce compartiment vertébral, une autre subdivision peut être identifiée. La partie de la lame prévertébrale située antérieurement au corps vertébral est appelée fascia alaire.
Ce dernier est une membrane de tissu conjonctif située entre les compartiments viscéral et vertébral. Il est séparé du pharynx, de l’œsophage et du fascia viscéral par l’espace rétropharyngien antérieurement et l’espace de danger le sépare postérieurement des corps vertébraux. Supérieurement, le fascia alaire s’attache à la base du crâne et s’étend à peu près jusqu’au niveau de C7, bien que cette limite puisse varier entre les niveaux vertébraux C6 et T4. À ce niveau, il fusionne avec la lame viscérale de la lame prétrachéale. Latéralement, il s’attache aux processus transverses des vertèbres cervicales.
Bien que l’espace de danger puisse faire penser au titre d’un film avec Tom Cruise, en réalité, il est beaucoup moins excitant. Également connu sous le nom d’espace de Grodinsky, l’espace de danger est simplement un espace dans le cou. Son nom indique le danger de la propagation potentielle d’une infection à travers cet espace. Il est délimité antérieurement par le fascia alaire et postérieurement par la lame prévertébrale, qui recouvre le corps vertébral et le muscle long du cou. Il s’étend de la base du crâne jusqu’au médiastin postérieur, pour enfin atteindre le diaphragme. L’espace de danger ne contient – eh bien, pas grand chose, en réalité. Toutefois, il n’est pas vide : étant un espace potentiel, il est rempli de tissu conjonctif lâche. À la différence des compartiments du corps, il ne contient ni muscles, ni viscères, ni nerfs, ni vaisseaux sanguins.
Il existe cependant une légère complication concernant l’espace de danger. Celui-ci ne peut pas être distingué de l’espace rétropharyngien par l’imagerie médicale et ils sont donc parfois considérés comme une seule entité.
Nous allons maintenant aborder une autre structure, celle que vous voyez ici en vert, appelée compartiment vertébral. C’est en effet le compartiment principal formé par la lame prévertébrale du fascia cervical profond. Son nom n’est pas très original, mais il vous donne une bonne idée de son contenu. Le compartiment vertébral contient les vertèbres cervicales, les muscles de la colonne vertébrale qui les entourent, les nerfs phréniques, la moelle spinale cervicale et les racines des nerfs spinaux cervicaux.
Parfois, deux subdivisions sont identifiées dans le compartiment vertébral : la portion prévertébrale et la portion perivertébrale ou paraspinale. De plus, le contenu de chaque compartiment varie selon les sources. Ici, nous considérerons donc le compartiment vertébral dans son ensemble. Pour simplifier, nous examinerons séparément les muscles situés antérieurement, latéralement et postérieurement aux vertèbres cervicales.
Antérieures aux vertèbres, nous trouvons les muscles prévertébraux. Ceux-ci incluent le muscle long du cou, visible sur notre coupe transversale. Les autres muscles cervicaux antérieurs sont le muscle long de la tête, le muscle droit antérieur de la tête et le muscle droit latéral de la tête, qui sont situés plus haut et ne sont donc pas visibles dans notre coupe.
Latéralement aux vertèbres nous retrouvons les muscles scalènes. Nous distinguons les muscles scalènes antérieur, moyen et postérieur, dont ce dernier peut d’ailleurs être classé parmi les muscles cervicaux postérieurs. Les nerfs phréniques, qui sont également contenus dans le compartiment vertébral, sont situés en avant des muscles scalènes antérieurs.
Les muscles postérieurs du compartiment vertébral incluent essentiellement tous les muscles profonds du cou ainsi que les muscles élévateurs de la scapula. Les muscles cervicaux profonds comprennent le muscle splénius du cou, le muscle splénius de la tête, le muscle semi-épineux du cou, le muscle semi-épineux de la tête et le muscle multifide.
Examinons maintenant la dernière structure du fascia cervical profond : la gaine carotidienne.
La gaine carotidienne est une enveloppe conjonctive fibreuse tubulaire. Elle est considérée comme faisant partie du fascia cervical profond. Cependant, sa classification n’est pas très claire. La gaine carotidienne entoure le compartiment vasculaire, un compartiment bilatéral situé en postérolatéral par rapport au compartiment viscéral. Dans notre coupe transversale, seuls le nerf vague, l’artère carotide commune et la veine jugulaire interne sont visibles dans chaque compartiment vasculaire. Les structures du compartiment vasculaire qui ne sont pas visibles dans notre coupe comprennent l’artère carotide interne, située un peu plus haut, certains nœuds lymphatiques cervicaux profonds, le nerf du sinus carotidien et les plexus périartériels carotidiens, qui contiennent des fibres nerveuses sympathiques. Supérieurement, la gaine carotidienne s’attache au niveau de la base du crâne et s’étend jusqu’à la racine du cou.
Cela conclut tout ce que nous devions couvrir dans ce tutoriel. Voyons maintenant un exemple illustrant l'importance médicale des espaces du cou en nous intéressant aux abcès rétropharyngés.
Un abcès est une accumulation de pus, dans ce cas, dans l’espace rétropharyngien. Il est relativement rare et ce qui rend le diagnostic précoce très difficile. Un tel abcès peut être causé par des infections des voies respiratoires supérieures, des molaires ou de l’oreille moyenne, ou parfois par une blessure. Les symptômes incluent une raideur du cou, des douleurs, de la fièvre, des difficultés à avaler et un élargissement des nœuds lymphatiques cervicaux.
Étant donné que cet abcès se situe en profondeur dans le cou, un examen physique peut ne pas suffire à poser un diagnostic, et un scanner ou une radiographie est souvent nécessaire pour le confirmer. Le traitement comprend généralement une intervention chirurgicale pour retirer l'abcès ainsi qu'une administration d'antibiotiques. Ce type d'abcès est particulièrement dangereux car, s'il n'est pas traité, l'infection peut se propager et entraîner la mort du patient.
Nous observons ici une représentation de l’espace du danger. Un abcès dans l’espace rétropharyngien pourrait facilement pénétrer dans les parois de cet espace et descendre jusqu’au médiastin. Cela pourrait provoquer une médiastinite, c’est-à-dire une inflammation du médiastin.
Si cela n’est pas traité, la médiastinite peut mener à une septicémie et à une défaillance multiviscérale. Sans une connaissance des différents espaces du cou et des voies potentielles de propagation des infections, les médecins ne pourraient pas établir ces connexions cruciales.
Et voilà la fin de ce tutoriel ! J’espère que vous avez beaucoup appris aujourd'hui et j’ai hâte de vous retrouver dans un autre tutoriel. Bon courage !