Glande lacrymale
La glande lacrymale est une glande exocrine située au-dessus du globe oculaire, dans la partie antérieure de la face externe supérieure de chaque orbite. Elle sécrète du liquide lacrymal (larmes), un liquide aqueux isotonique au plasma, à la surface du globe oculaire. Ce liquide forme la partie aqueuse d'un film lacrymal multicouche qui lubrifie, protège et fournit des nutriments à la conjonctive et à la cornée. Le liquide lacrymal finit par s'écouler à travers une série de canaux dans la cavité nasale. Lorsqu'il est produit en excès, le liquide lacrymal forme des larmes.
La glande lacrymale se compose de deux parties qui se connectent : la plus grande partie orbitaire et la partie palpébrale, plus petite. La glande ainsi que son système de drainage associé de conduits forment l'appareil lacrymal.
Cet article aborde l'anatomie et la fonction de la glande lacrymale ainsi que ses pathologies les plus courantes.
Structure
La glande lacrymale est une structure en forme d'amande d'environ 2 cm de long. Elle est située dans la face supérotemporale antérieure de l'orbite, dans la fosse lacrymale de l'os frontal. La glande est divisée en deux parties contiguës (lobes) par les fibres aponévrotiques latérales du muscle releveur de la paupière supérieure : une partie orbitaire et une partie palpébrale. Cette division n'est que partielle en raison d'une paroi postérieure de parenchyme entre les lobes.
- La partie orbitaire, plus grande, repose au-dessus de l'aponévrose du muscle releveur de la paupière supérieure et du muscle droit latéral latéralement. Elle s'attache au périoste de l'orbite supérieurement et à la gaine fasciale du releveur de la paupière supérieure inférieurement. Antérieurement, elle est délimitée par le septum orbitaire, la graisse orbitaire servant de bord postérieur.
- La partie palpébrale de la glande se trouve sous le releveur de la paupière supérieure et projette dans la face supérolatérale de la paupière supérieure pour se fixer sur le fornix conjonctival supérieur. Cette partie de la glande lacrymale peut être observée cliniquement en inversant la paupière.
La glande lacrymale contient environ 12 canaux excréteurs principaux. Les canaux de la partie orbitaire de la glande accompagnent ceux de la partie palpébrale en perçant à travers l’aponévrose du releveur de la paupière supérieure pour se vider dans le sac conjonctival. Ces canaux s'ouvrent le long de la face latérale du fornix supérieur de la conjonctive. En plus de la glande lacrymale, plusieurs glandes lacrymales accessoires (glandes de Krause et de Wolfring) sont généralement présentes dans la conjonctive palpébrale. Bien que ces glandes soient considérablement plus petites, elles sont structurellement similaires à la glande lacrymale principale. Les glandes accessoires représentent environ 10 % de la sécrétion lacrymale totale. Par rapport à la paupière supérieure, la paupière inférieure a moins de glandes lacrymales accessoires.
Voie du liquide lacrymal
La glande lacrymale sécrète en permanence du liquide lacrymal dans la face latérale du fornix conjonctival supérieur via les canaux lacrymaux. Le liquide est réparti sur toute la surface de l'œil, du latéral au médial, à chaque clignement. Au niveau de la région canthale médiale de l'œil, le liquide s'accumule dans un espace triangulaire appelé lac lacrymal. Le liquide est ensuite drainé par capillarité dans les canalicules lacrymaux, qui sont de petits canaux à l'intérieur de chaque paupière, via les points lacrymaux. Les points lacrymaux sont les ouvertures des canalicules lacrymaux qui sont situés sur la papille lacrymale à l'extrémité médiale des paupières supérieures et inférieures.
À partir des canalicules lacrymaux, le liquide lacrymal s'écoule médialement dans le sac lacrymal, la face supérieure dilatée du canal nasolacrymal. Le sac lacrymal se trouve dans une fosse formée par la surface latérale de l'os lacrymal et le processus frontal du maxillaire. À partir du sac lacrymal, le liquide lacrymal est transporté par le canal lacrymal qui s'ouvre à l'extrémité antérieure du méat nasal inférieur. Ce conduit traverse un canal osseux (canal nasolacrymal) formé par l'os lacrymal, le maxillaire et la conque nasale inférieure. Le liquide s'écoule ensuite vers l'arrière à travers la cavité nasale jusqu'au nasopharynx, où il se mélange au mucus et est finalement avalé. Une petite quantité de liquide lacrymal est perdue par évaporation ou absorption à travers la conjonctive.
Innervation
La glande lacrymale reçoit une innervation sensorielle, parasympathique et sympathique.
- Le nerf lacrymal, de la branche ophtalmique du nerf trijumeau, fournit l'innervation sensorielle à la glande.
- Les neurones sécrétomoteurs parasympathiques stimulent la sécrétion de liquide lacrymal. Les fibres parasympathiques préganglionnaires du système nerveux central (SNC) atteignent le ganglion ptérygopalatin via le nerf grand pétreux (une branche du nerf facial) et le nerf du canal ptérygoïdien. Ces fibres synapsent sur des fibres parasympathiques postganglionnaires à l'intérieur du ganglion. Elles se dirigent ensuite via les branches zygomatiques et zygomaticotemporales du nerf maxillaire pour innerver la glande.
- L'innervation sympathique provient du ganglion cervical supérieur. À partir de ce ganglion, les fibres nerveuses atteignent le ganglion ptérygopalatin via le plexus carotidien interne et le nerf pétreux profond. Les fibres sympathiques, sans synapse dans le ganglion, sont disposées par la suite le long du même chemin que les fibres parasympathiques qui alimentent la glande lacrymale. L'innervation sympathique régule le flux sanguin à travers la glande lacrymale et les sécrétions glandulaires.
Les fibres sécrétomotrices parasympathiques postganglionnaires et les fibres sympathiques postganglionnaires atteignent finalement la glande lacrymale via le nerf lacrymal.
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Réflexe de larmoiement
La stimulation de la cornée et de la conjonctive active une voie réflexe qui déclenche une augmentation de la production de larmes par la glande lacrymale. Ce phénomène est appelé réflexe de larmoiement. L'objectif principal de ce réflexe est d'éliminer la cause de l'irritation.
La voie afférente (sensoriel) de ce réflexe est transportée par la branche lacrymale du nerf ophtalmique vers le l'encéphale. Ici, les impulsions sont relayées par les interneurones aux fibres parasympathiques du noyau salivaire supérieur dans le pont et aux fibres sympathiques dans la région thoracique de la moelle épinière (moelle spinale). La voie efférente du réflexe implique des fibres sécrétomotrices parasympathiques préganglionnaires portées par le nerf grand pétreux et des fibres sympathiques postganglionnaires portées par le nerf pétreux profond vers la glande lacrymale.
Une variété d'états émotionnels peut stimuler une augmentation de la production de liquide lacrymal en l'absence d'un irritant physique précipitant. Ce phénomène est ce qu'on appelle communément les pleurs.
Vascularisation
L’approvisionnement artériel principal de la glande lacrymale se fait par l'artère lacrymale, qui est une branche de l'artère ophtalmique (de l'artère carotide interne). La glande est aussi parfois alimentée par l'artère infra-orbitaire, qui est une branche de l'artère maxillaire (de l'artère carotide externe). La glande lacrymale est drainée par la veine ophtalmique supérieure dans le sinus caverneux. Le drainage lymphatique de la glande lacrymale se fait par les nœuds lymphatiques parotidiens superficiels, qui drainent dans les ganglions cervicaux supérieurs profonds.
Fonction
La fonction principale de la glande lacrymale est la production de liquide lacrymal, qui est impliqué dans le maintien d'une surface oculaire saine. Le liquide lacrymal contient des protéines, des agents antimicrobiens, de l'eau et des électrolytes qui assurent une lubrification, la protection et une nutrition adéquates de la surface oculaire.
Le liquide lacrymal contient une quantité importante d'eau qui maintient la surface de l'œil humide ainsi que des éléments dissous nécessaires au fonctionnement cellulaire normal. Le liquide contient également des agents antimicrobiens, notamment la phospholipase, la lysozyme, la peroxydase, la lactoferrine et les immunoglobulines qui offrent une défense contre les agents pathogènes envahissants. De plus, la glande lacrymale produit de nombreuses autres substances et protéines, notamment le rétinol (dérivé de la vitamine A) et des facteurs de croissance tels que les facteurs de croissance épidermiques, fibroblastiques et kératinocytes. Ceux-ci sont impliqués dans la régénération cornéenne et le maintien de l'avascularisation et de la transparence cornéennes.
Film lacrymal préoculaire
Le liquide lacrymal forme le composant aqueux du film lacrymal, qui est un revêtement à trois couches de la surface oculaire. Le film lacrymal est composé d'une couche interne de mucine (en grande partie à partir de cellules caliciformes conjonctivales), d'un composant aqueux moyen et d'une couche lipidique externe (provenant des glandes de Meibomius). Le film lacrymal trilaminaire remplit plusieurs fonctions importantes, notamment :
- Protéger la surface oculaire contre les agents pathogènes
- Éliminer les débris et les déchets métaboliques
- Créer une interface air-tissu pour l'échange gazeux afin de fournir de l'oxygène à la cornée avasculaire
- Fournir une surface optique uniforme pour la transmission de la lumière à l'interface air-cornée
- Favoriser l'intégrité de la cornée transparente en apportant des nutriments et des métabolites
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Notes cliniques
Les troubles les plus courants du système de drainage lacrymal sont l'obstruction congénitale du canal lacrymal (OCNL), en termes simples, l'obstruction de la glande lacrymale, et la dacryocystite, une inflammation aiguë du sac lacrymal. L’OCNL altère l'écoulement des larmes de l'œil dans la cavité nasale, entraînant un larmoiement chronique (épiphora), une irritation conjonctivale récurrente et une prédisposition à l'infection. Il peut être congénital ou acquis, à la suite d'une sténose, d'une inflammation, d'un traumatisme ou d'une pathologie nasale liée à l'âge. Lorsque l'obstruction s'infecte, elle donne lieu à une dacryocystite, qui se caractérise par un gonflement douloureux et un érythème près du canthus médial, souvent accompagné d'un écoulement purulent. Le diagnostic est principalement clinique. La prise en charge comprend des antibiotiques pour traiter l'infection et, en cas d'obstruction persistante ou récurrente, une intervention chirurgicale (dacryocystorhinostomie ou DCR) pour rétablir le drainage fonctionnel.
La sécheresse oculaire est une autre affection courante du système lacrymal résultant d'une production insuffisante de larmes ou d'une évaporation excessive des larmes, ce qui entraîne une inflammation de la surface oculaire et une gêne. Elle est généralement classée en deux types : la sécheresse oculaire aqueuse-déficiente, causée par une hypofonction des glandes lacrymales (par exemple, dans le syndrome de Sjögren), et la sécheresse oculaire par évaporation, le plus souvent due à un dysfonctionnement des glandes de Meibomius. Certains travaux qui demandent un niveau élevé d’attention et la visualisation de petits détails peuvent résulter en un clignotement réduit, ce qui contribue à une tendance à des yeux secs. Les symptômes comprennent une brûlure, une sensation de corps étranger, une vision fluctuante et une photophobie. Le diagnostic repose sur l'évaluation clinique, y compris le temps de rupture du film lacrymal, le test de Schirmer et la coloration de la surface oculaire. Le traitement implique des larmes artificielles, des agents anti-inflammatoires et, dans les cas réfractaires, une occlusion ponctuelle.
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Kim Bengochea, Université Regis, Denver