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Voies de la douleur et théorie du portillon

Cet article vise à examiner les structures anatomiques impliquées dans la perception de la douleur, ainsi qu’à décrire la théorie du portillon (Gate Control Theory) dans le cadre de la modulation de la douleur.

Nombreux sont ceux pour qui la douleur est une nuisance constante. Elle peut être la manifestation d’une lésion réelle (comme un traumatisme contondant d’un membre) ou d’une souffrance émotionnelle (comme la douleur d’un cœur brisé). Ainsi, la douleur peut être définie comme une perception subjective de stimuli nocifs.

L’Association Internationale pour l’Étude de la Douleur (International Association for the Study of Pain – IASP) a proposé une définition plus appropriée pour englober ce concept :

« La douleur est une expérience sensorielle ou émotionnelle désagréable associée à un dommage tissulaire réel ou potentiel, ou décrite en des termes évoquant un tel dommage. »

Sommaire
  1. Vue d'ensemble
  2. Voies de la douleur
  3. Théorie du portillon
  4. Notes cliniques
  5. Sources
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Vue d'ensemble

La douleur peut être classée selon des critères temporels (aiguë ou chronique) ou selon le site d’origine (viscérale ou somatique).

  • La douleur aiguë, comme son nom l’indique, survient brutalement et fait généralement suite à une affection très récente (traumatisme iatrogène, infarctus du myocarde).
  • La douleur chronique évolue sur une période prolongée allant de plusieurs mois à plusieurs années.

Elle peut être subdivisée en douleur nociceptive ou neuropathique selon la cause de l’atteinte le long de la voie neuronale.

  • La douleur nociceptive résulte de stimuli susceptibles de provoquer des lésions tissulaires. Des exemples de causes possibles sont les crises drépanocytaires, les traumatismes sportifs, la douleur mécanique ou encore la douleur postopératoire.
  • La douleur neuropathique, quant à elle, est due à un dysfonctionnement du système nerveux ou à une lésion de celui-ci. Elle est typique des cas de névralgie du trijumeau, de neuropathie diabétique ou encore de douleurs liées au cancer. Il est également possible que les douleurs nociceptives et neuropathiques coexistent, formant ce que l’on appelle une douleur mixte.

La douleur provenant des organes internes, appelée douleur viscérale, est souvent décrite comme sourde, diffuse ou pulsatile, et difficile à localiser.

La douleur provenant d’organes internes (comme par exemple l’estomac) est qualifiée de douleur viscérale.

La difficulté à localiser précisément une douleur viscérale provient d’un phénomène appelé douleur projetée (ou référée). Il s’agit d’un mécanisme par lequel une douleur provenant d’une région du corps est perçue ailleurs.

Par exemple, la douleur liée à une pancréatite est souvent ressentie dans la région épigastrique (autour du processus xiphoïde), irradiant vers le dos. Un autre exemple plus connu est celui de la douleur lors d’un infarctus du myocarde, qui irradie vers le côté gauche du cou, l’épaule gauche et le bras gauche. Cela contraste fortement avec la douleur somatique, qui provient des tissus cutanés, sous-cutanés et des structures musculosquelettiques. Ce type de douleur peut être précisément localisé à un point donné.

Voies de la douleur

Le processus de conversion des stimuli nocifs en potentiels d’action implique plusieurs étapes.

Des lésions tissulaires peuvent survenir à la suite de blessures d’origine chimique, thermique ou mécanique. Ces événements sont détectés par des nocicepteurs, qui sont constitués des fibres (alpha) (myélinisées, avec une vitesse de conduction de 20 m/s) et des fibres C (non myélinisées, avec une vitesse de conduction de 2 m/s). Les fibres Aδ transmettent les stimuli douloureux à une vitesse plus rapide que les fibres C, par conséquent, les fibres Aδ sont impliquées dans les arcs réflexes spinaux de protection qui provoquent le retrait rapide face à un stimulus nocif, tandis que les fibres C transmettent une douleur plus lente, semblable à une brûlure persistante.

En réponse aux stimuli, les nocicepteurs transduisent ces informations en influx nerveux en libérant divers neurotransmetteurs tels que les prostaglandines, les bradykinines, la substance P et l’histamine, qui déclenchent une réponse inflammatoire et propagent simultanément les signaux douloureux vers la moelle spinale.

Neurotransmetteurs

Le potentiel d’action généré est propagé le long des nocicepteurs jusqu’à la corne dorsale de la moelle spinale. À ce niveau, les nocicepteurs bifurquent vers le haut (crânialement) et vers le bas (caudalement) sur deux à trois segments médullaires, formant le tractus postéro-latéral de Lissauer.

Tractus postérolatéral de Lissauer

Les nocicepteurs (neurones de premier ordre) font ensuite synapse avec les corps cellulaires des neurones du tractus spinothalamique (neurones de second ordre) au niveau de différentes couches de la colonne dorsale appelées couches ou lames (cytoarchitectoniques) de Rexed :

  • Lame I (noyau dorsomarginal) : répond aux stimuli thermiques ou nocifs cutanés.
  • Lame II (substance gélatineuse) : impliquée dans la régulation de l’influx sensoriel.
  • Lames IV à VI (noyau propre) : également appelées noyaux profonds de la colonne dorsale, ces cellules répondent aux stimuli cutanés ainsi qu’aux informations afférentes provenant des viscères et des récepteurs somatiques profonds.
  • Lames VII et VIII : responsables de la transmission des stimuli somatiques profonds provenant des muscles et des articulations.

Les fibres du tractus spinothalamique quittent la colonne dorsale et se croisent dans la commissure blanche antérieure de la moelle spinale. Les fibres gérant la douleur et la sensation thermique se regroupent dans le cordon latéral (bordé latéralement par le tractus spinocérébelleux ventral) pour former le tractus spinothalamique latéral. Celles qui gèrent les sensations de toucher léger et de pression se regroupent dans le cordon antérieur pour former le tractus spinothalamique ventral.

Tractus spinothalamique

Ces tractus présentent une organisation somatotopique allant du latéral vers le médial : fibres sacrées, fibres des membres inférieurs, fibres du tronc et enfin fibres des membres supérieurs. Cette organisation est conservée tout au long du trajet ascendant. Le tractus spinothalamique transmet les informations à plusieurs centres du système nerveux central pour leur intégration et leur traitement. Il émet des fibres spinoréticulaires qui synapsent avec les neurones du noyau du raphé magnus dans le bulbe rachidien (alias medulla oblongata ou moelle allongée). Au niveau du mésencéphale, il donne des branches qui font synapse avec les cellules de la substance grise périaqueducale, du noyau dorsal du raphé et de la formation réticulée (ou réticulaire). Le reste des fibres du tractus se termine dans les noyaux ventropostérolatéral (VPL) et intralaminaires du thalamus.

Le thalamus : porte d’entrée des stimuli douloureux vers le cerveau.

Depuis le thalamus, les neurones de troisième ordre cheminent via le bras postérieur de la capsule interne et se terminent dans les zones somatotopiques correspondantes du cortex somatosensoriel (aires de Brodmann 1, 2 et 3). Les cortex cérébraux permettent non seulement la perception consciente de la douleur, mais ils stimulent également l’hypothalamus, l’amygdale et la substance grise périaqueducale, qui inhibent à leur tour la transmission de la douleur via la libération d’opioïdes endogènes, de noradrénaline et d’acide γ-aminobutyrique (GABA).

Théorie du portillon

En 1965, Ronald Melzack et Patrick Wall ont proposé l’existence de systèmes capables de moduler la transmission des influx nerveux circulant le long des voies afférentes (y compris nociceptives) : c’est la Théorie du Portillon, également connue sous son appellation anglaise Gate Control Theory. Le concept fondamental de la théorie du portillon est que l’activité d’interneurones inhibiteurs peut supprimer les signaux nociceptifs ascendants, agissant ainsi comme des portillons qui réduisent la transmission. Ils ont postulé que les petites fibres afférentes non myélinisées inhibent les interneurones mais excitent les cellules du tractus spinothalamique, tandis que les fibres afférentes plus grosses (telles que celles provenant des corpuscules du toucher ou des follicules pileux) excitent les neurones de grande taille de la lame IV et les interneurones de la substance gélatineuse.

Substance gélatineuse

Les interneurones mentionnés précédemment complètent les arcs réflexes complexes au sein de la substance grise de la moelle spinale. Il est théorisé que la lame II de Rexed, également appelée substance gélatineuse, abrite ces interneurones qui régulent la transmission de la douleur en inhibant la propagation des influx nerveux le long des fibres afférentes de petit et de grand diamètre. Lorsqu’ils sont activés, ces interneurones inhibent les fibres afférentes qui forment des synapses avec les cellules du tractus spinothalamique.

Ainsi, une faible activité des petites fibres afférentes entraîne une inhibition des interneurones de la substance gélatineuse. Par conséquent, les sensations afférentes provenant des fibres de grand diamètre sont transmises sans opposition (bien que de manière intermittente) aux cellules de la lame IV du tractus spinothalamique. Le « portillon » de la lame IV serait donc ouvert de façon sporadique, ce qui permet une transmission initiale importante via les fibres de grand diamètre qui s’affaiblit progressivement à mesure que le portillon se referme (l’activité des petites fibres diminuant).

En revanche, si les impulsions issues des petites fibres afférentes sont fortes et persistantes, le portillon reste ouvert, permettant à un important volume de stimuli d’atteindre les cellules de la lame IV. Cela se traduirait ainsi en une perception supraspinale plus intense de la douleur.

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Kim Bengochea Kim Bengochea, Université Regis, Denver
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